La prière sur le mort musulman (Salât al-Janâza)

La prière sur le mort musulman (Salât al-Janâza)

La prière sur le mort est une obligation communautaire « exonératoire » (fardu kifâya) : si un (ou des) membre de la communauté l’accomplit (il aura seul sa récompense de la part de Dieu) mais toute la communauté se trouvera exonérée et ne sera pas châtiée par Dieu. Par contre, si personne ne l’accomplit, toute la communauté sera responsable et s’exposera à la sanction de Dieu. 
Il en est de même pour le fait de s’occuper des funérailles du défunt musulman. 

Voici comment l’accomplir

Il faut que le mort appartienne à la religion islamique et qu’il soit lavé au préalable. 
Cas particulier : le martyr musulman tué dans le combat contre les mécréants : on ne doit ni le laver ni faire de prière sur le mort pour lui et il est enterré comme ça avec ses vêtements…

Les obligations de la prière sur le mort (salât al-janâza) sont :

  1. l’intention,
  2. toutes les takbîrât (4 takbîrât y compris la takbîrât al-ihrâm),
  3. la position debout du début jusqu’à la fin de cette prière (sauf impossibilité),
  4. une Du’a pour le mort après chaque takbîrât y compris après la dernière takbîrât,
  5. le Salâm après la quatrième takbîrât.

Voici le détail de cette prière : 

  1. Elle se fait en position debout (pas de rukû’ ni de Sujûd) .
  2. Elle se fait à voix basse pour tout le monde: sauf l’Imam qui prononcera les Takbîr et le Salam à haute voix : pour faire entendre ceux qui sont dirigés. 
  3. L’Imam se met derrière la dépouille mortelle: vers le milieu du corps si c’est un homme, si c’est une femme: il se mettra du côté des épaules. 
  4. L’intention (an-niyya).
  5. Takbîrat Al-Ihrâm (Allahu Akbar) en levant les mains jusqu’aux épaules ou jusqu’aux oreilles. 
  6. Il est préférable de réciter le Du’â à voix basse et de le commencer par louer Dieu (en disant par exemple: al-hamdu lillâhi) puis prier sur le Prophète (paix et salut sur lui) puis ensuite faire le Du’â pour ce mort (le minimum du Du’a est de dire: ‘Allahumma Ighfir Lahu’): il n’ y a pas de formule précise qui est préférable chez nous…  L’Imâm Mâlik préfère dans son Muwattaa le Du’a relaté par Abû Hurayra :  « ‘Allahumma Inna hu ‘abduka wa bnu ‘abdika wa ibnu amatika kâna yashhadu an-lâ ilâ ha Illa anta wahdaka lâ sharîka laka wa anna muhammadan ‘abduka wa rasûluka wa anta a’lamu bihi,allahumma in kâna muhsinane fa zid fî ihsânih wa in kâna musîane fa ta jâwaz ‘an sayyiâtihi, allahumma lâ tahrimnâ ajrahu wa lâ taftinnâ baadahu’ ».
  7. Puis on fait une deuxième Takbîrat (Allahu Akbar) et on refait la louange à Dieu, la prière sur le Prophète et le Du’â. Puis une troisième de la même façon avec le Du’â et une quatrième et dernière Takbîrat pareille avec le Du’a. 
  8. Enfin l’Imam fait un salam à droite (As-salâmu ‘alaykum) et les gens dirigés feront de même (sans faire de deuxième salam à gauche).

Voir pour les arabisants : 
http://www.habous.gov.ma/ar/nBox_Content.aspx?id=258&Box=2

Ibn Abî zayd Al-qirawani Al-maliki (m 386 H) dit dans sa Risâla chapitre 21: 

De la prière sur la civière portant le mort (janâza) et sur l’invocation en faveur du mort. 

Le takbîr sur la civière portant le mort consiste en quatre formule Allah akbar. L’imâm élève les mains en prononçant la première formule et il peut aussi le faire sans inconvénient pour chacune d’elles. S’il le veut, il fait l’invocation après avoir dit chacune des quatre formules, puis il dit le salut final ou, s’il veut, il dira incontinent le salut final après la quatrième formule. Si le mort est un homme, l’imâm se tiendra à la hauteur du milieu du corps du défunt; Pour une femme, il se tiendra à la hauteur des épaules. 
Le salut final dans cette prière consiste en une seule formule prononcée à voix très basse par l’imâm et par les assistants. 

La prière sur le mort procure une récompense divine d’un qîrât. La présence à son inhumation aussi un qîrât, ce qui équivaut à une récompense égale au poids du mont Uh’ud (Uh’ud : Montagne du H’ijâz, à l’ouest de Médine. L’armée du Prophète y fut battue par les Mekkois en l’an 3 de l’Hégire (625 de J.-C.) ). 

Dans l’invocation que l’on fait sur le mort, on n’est pas tenu par des formules précises et on a toute latitude à cet égard. Parmi les invocations recommandées dont on fait mention à ce sujet, figure celle-ci : dire d’abord un takbîr, puis ces mots:  » Louange à Allah qui a fait mourir et qui a fait vivre ! Louange à Allah qui ressuscite les morts ! A Lui la majesté, la grandeur, la souveraineté, la puissance et l’élévation. Il est Tout-Puissant. O mon Dieu, répands Tes grâces sur Mohammad, sur la famille de Mohammad, de même que Tu as répandu Tes grâces, Ta miséricorde et Ta bénédiction sur Ibrahim et la famille d’Ibrahim dans l’univers que Tu as créé. Tu es digne de louange et de gloire. O mon Dieu, ce mort est Ton serviteur, le fils de Ton serviteur, fils de Ta servante. C’est Toi qui l’as créé et lui a permis de vivre. C’est Toi qui l’as fait mourir et c’est Toi qui le ressusciteras. Tu connais mieux que personne son for intime et son comportement extérieur. Nous venons à Toi en intercesseurs en sa faveur. Fais droit à notre intercession pour lui. O mon Dieu, nous cherchons protection pour lui dans Ta ferme promesse à son égard, car Tu tiens Ta parole et Tes engagements. O mon Dieu, garde-le de toute faiblesse lors de l’interrogatoire du tombeau, préserve-le du dur châtiment de l’enfer ! Pardonne lui, fais lui miséricorde, exempte-le des tourments, réserve-lui un généreux accueil, élargis-lui l’entrée, lave-le avec de l’eau, de la neige et de la grêle; purifie-le de ses fautes comme l’étoffe blanche est purifiée de toute saleté. Donne-lui en échange une meilleure demeure que la sienne, une famille meilleure que la sienne, une épouse meilleure que la sienne. O mon Dieu, s’il a fait le bien, augmentes-en la récompense; s’il a fait du mal, montre-Toi indulgent à son égard ! O mon Dieu, il est devenu Ton hôte et Tu es le meilleur des hôtes. Lui il a besoin de Ta miséricorde, mais Toi, Tu peux Te passer de le châtier. O mon Dieu, affermis ses paroles quand il sera interrogé ! Ne lui inflige point, dans son tombeau, des épreuves qu’il ne pourrait point supporter ! O mon Dieu, ne nous prive point de la récompense que Tu lui donneras et fais que rien ne nous détourne de Toi après lui ! ». 

C’est là ce que l’on doit dire après chaque takbîr. Cependant, après le quatrième on dira :  » O mon Dieu, pardonne à nos vivant et à nos morts, à nos présents et à nos absents, à ceux d’entre nous qui sont jeunes ou âgés, du sexe masculin ou du sexe féminin. Tu connais nos agissements divers et la demeure qui nous est réservée. Pardonne à nos parents et à ceux qui nous ont précédés dans la foi, aux musulmans et aux musulmanes, aux croyants et aux croyantes, vivants ou morts! O mon Dieu, celui d’entre nous que Tu as fais vivre, fais-le vivre dans la foi ! Celui que tu reçois dans ton sein, reçois-le alors qu’il est musulman ! Rends-nous heureux par la rencontre ! Purifie-nous pour la mort ! Rends-la bonne pour nous et mets-y notre repos et notre joie ! « . Après quoi on dit le salut final. 
Si c’est une femme qui est morte, on dit :  » O mon Dieu, elle est ta servante… « . Puis on continue l’invocation ci-dessus en employant le féminin. Mais, on ne dit pas :  » O mon Dieu, donne-lui en échange un époux meilleur que le sien, parce qu’il se peut qu’elle soit au paradis l’épouse de celui qui fut son dernier mari en ce bas monde*  » 
[*Mais ce n’est pas certain : elle peut en effet être morte après avoir eu plusieurs maris consécutifs. Elle sera attribuée à l’un d’eux sans qu’on puisse préciser lequel. Mais si elle n’a eu qu’un mari, elle sera certainement son épouse au Paradis.] 

Les femmes au Paradis sont spécialement affectées à leurs époux et ne veulent point en changer. 

Il est recommandé de faire sur plusieurs morts à enterrer une seule et même prière. L’imâm se met alors à côté des morts du sexe masculin, s’il y a également des femmes à enterrer. S’il n’y a que des hommes à enterrer, le défunt le plus méritant sera celui auprès duquel l’imâm se placera; derrière, se trouveront les civières des morts et des enfant impubères, tournées vers la qibla. On peut aussi sans inconvénient les mettre tous sur un seul même rang, le défunt le plus méritant étant le plus rapproché de l’imam. 

Pour l’inhumation de plusieurs morts dans un même tombeau, on mettra le défunt le plus méritant dans la direction de la qibla. 

Quand un mort est enterré sans qu’on ait dit des prières sur lui et qu’il a déjà été recouvert par la terre, on prie sur le tombeau. On ne fait pas la prière deux fois sur le même mort. 

On prie sur le corps dont la majeure partie subsiste. Mais il y a divergence d’opinion pour savoir si l’on doit faire cette prière s’il ne subsiste du corps qu’une main ou un pied. 

Si le mort est absent

Chez les malikites et hanafites: on ne peut pas faire cette prière pour l’absent et le cas de la prière sur le mort faite par Le Prophète sur le roi An-nashâshî (Négus) est considéré chez eux spécifique à ce personnage et pour le Prophète

Chez les shafiites et hanbalites oui à des conditions parmi lesquelles (pour certains) que cette personne qui est morte soit une personnalité d’utilité public pour les musulmans comme un grand savant musulman…. 

Ou (pour les shafiites) si cette personne est morte dans une terre lointaine (de Kufr) où il n’ y avait personne pour faire cette prière sur lui et si vous étiez née (et capable de prier) quand il est mort: exemple: si vous avez 20 ans et que la personne est morte il y a 30 ans: non .

S’il s’agit d’une interruption accidentelle de la grossesse

Si cet enfant est né vivant (il a crié par exemple): oui on le lave (Ghusl) et on fait la prière de Janâza sur lui, sinon non (ni Ghusl ni prière de janâza). 
Néanmoins, dans tous les cas, il est mis dans le linceul et enterré. 

NB: si la femme en question a mis au monde l’enfant à un stade avancé (non pas embryon qui n’a pas de membre et qui n’est pas arrivé au stade de créature vivante) où on voit une partie de l’enfant (comme un doigt ou des cheveux ou un ongle) elle est considérée en état de lochies, elle prendra en compte cela jusqu’au séchage. 
Les lochies veulent dire en arabe An-nifâs : il s’agit de l’écoulement (sanguin) post-natal après l’accouchement.